Gaurav, tu t’appelles Gaurav, tu es vieux, mais je te trouve très beau avec ton turban blanc sur ta tête droite et fière et ton air de Gandhi avec tes petites lunettes rondes en métal.
Je suis
montée dans ton rickshaw une seule et unique fois, préférant prendre des
tuk-tuk motorisés. Tous les matins, tu viens nous attendre à la sortie de notre
hôtel. Je ne veux plus m’asseoir derrière ton dos et voir tes jambes
maigrelettes pédalant en danseuse pour nous tracter. Tes tongs d’un autre âge
et ton pantalon de toile sale et troué pendant sur tes cuisses. Combien
pèses-tu ? Tu as l’air si
rachitique ! Où manges-tu ? Où dors-tu ? Quelle est ta
vie ?
Tous les
matins, inlassablement, tu nous attends, tu lèves tes mains, les joignant vers
ton visage penché gentiment ; tu nous salues (Namasté-Bonjour). Tous les matins, nous te donnons quelques roupies. Tu
insistes toujours pour nous faire monter sur ton vélo. On préfère marcher. Nous
te montrons nos baskets. Tu souris tout le temps, dodelinant de la tête, mais
que tes yeux sont tristes !
Ici, tu
m’as fait l’éloge de la patience et de la lenteur.
Ton pays
où coexiste cette extrême agitation, cette extrême torpeur me fascine.
Pays où
la circulation va dans tous les sens, observant des règles inventées dans un
asile de fous.
Et toi,
Gaurav, le vieux coolie indien, fidèle et obstiné, tu pédales, tu pédales
encore et encore. C’est ta vie, ta survie.
Toi et ton
obstination sympathique, à jamais dans mon cœur et ma mémoire, bien mieux
qu’une photo dans l’album.
Quand
tout est laid, le dirai-je ?
Quand
tout est beau, ai-je les mots ?
Tanka pour Gaurav
Couleurs de l’Inde
Saveurs épicées et miel
Bruyante lenteur
Pays de lumière
Où la misère sourit
Mathurine
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