Le temps a laissé sur ta peau
des pustules de malheur, des routes
d’inquiétude,
comme un soleil fané qui ne danserait
plus à l’horizon perdu.
Tu te voûtes, tu enfouis ta joie dans
les matins trop gris,
Une infinité de possibles frappe à ta
porte mais tu ne les entends plus.
Les poèmes apaisent les failles mais
pour combien de temps ?
Au bal du souvenir, tu as des routes
bordées d’arbres où déposer tes peines,
des collines au soleil.
Mais le froid est revenu et son sillon
de mort indique toujours la même issue.
Sans secours.
Tous ces visages croisés qui n’ont pas
retenu tes regards
viennent parfois danser dans la nuit
qui approche.
Tu les as à peine frôlés, juste ce
qu’il fallait pour ne pas vivre glacée,
mais tu es restée trop loin pour
entendre le murmure de leur âme.
La peur en bandoulière, tu as marché
vaille que vaille,
jusqu’au bout de ton âge, en sautillant
comme tu as pu
et sans trop de regrets.
Tu as ramené quelques coquillages du
désert,
des souvenirs de dunes au Sahara, d’étés
grecs en couleur,
des fougères créoles, des parfums de
vanille et de rhum arrangé.
Tu as écrit pour tenter de cerner
l’improbable,
entre rires et sanglots, à deux doigts
du désastre.
Et tu as fini par éroder la peur mais
tu ne l’as jamais vaincue.
Elle est là, aux portes de la
vieillesse,
rôdant comme une pauvre mendiante sur les
chemins de traverse.
Tu veux sentir encore l’empreinte des
beautés fugaces,
et la fluidité des matins tranquilles
mais tu sais bien qu’il faudra sentir la morsure du temps
sur ta peau qui se fripe,
sur tes joies qui se lassent
et tes rêves épuisés.
Il va falloir apprendre à vieillir.
C.
M.
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