dimanche 27 novembre 2016

Moment suspendu

Atelier de novembre : «Un lieu en plan fixe - le temps suspendu». Texte faisant suite à celui du  «trajet sur un chemin, même espace à deux moments différents»  (atelier d’octobre). Ce trajet se déroulait dans un jardin et s’achevait par ces mots :

Car c’est dans la maison que tu m’attends.

En face de moi, la porte verte, peinture écaillée. Devant moi, le heurtoir : une main en bronze prête à cogner le bois. Claquement. Pas encore, pas maintenant. Sur ma nuque le soleil cogne. Sous mes pieds les marches brûlent. Bruissement des feuilles.

Cette porte est le dernier rempart entre nous.

J’avance ma main vers celle en bronze. Temps suspendu. Stoppe mon geste. A gauche, la fenêtre. Toile d’araignée. Soupir. A droite, la façade blanche. Un lézard surgit, se fend un chemin. Grains de crépi sous ses pattes ventouses. Il s’arrête, tourne la tête. Repart. Je l’envie !

Moi, c’est vers toi que je me dois d’aller.

Un souffle chaud. Un oiseau chante. Devant moi, la porte, le heurtoir. Derrière la porte, toi. Mon pied descend une marche. A reculons. Ma main avance. A reculons. Mon cœur bat. Claquement de sentiments. La main retombe. Claquement de bronze et de bois. Moment suspendu. Tu ouvres la porte. Derrière il y a toi.

Inès-Marie Ambre