lundi 6 juin 2016

La prison / La maison

L'ENFANT PRISON
La mignonne de cinq ans ne comprend pas pourquoi sa vie est si triste ? Sa maman à de beaux ongles.
Si on lui demande ce que fait sa maman, elle dira... elle fait ses ongles... Mais quoi encore interroge-t-on ?... elle se fait les ongles rouges...

L'enfant est seule dans sa souffrance et sa solitude. "L'enfant-prison", diraient les adultes. Si elle pouvait analyser sa vie, elle dirait qu'elle est sans amour.

Son père n'a que faire d'elle, elle l'ennuie, le fatigue, l'énerve. Alors pour lui montrer qu'il est le plus fort, il la martyrise. Bien sûr, elle ne pleure jamais, elle laisse ses larmes au fond de son coeur, elle fait semblant... Mais elle à envie de crier.

Sa vie c'est quoi ? la misère dans un appartement triste, une rue sale où la pluie n'efface pas la crasse. Et puis quoi ?? elle est souvent dehors, seule derrière la grille de l'immeuble. Elle ne joue pas beaucoup, n'a pas d'amis. Elle reste là à regarder le trottoir d'en face et aujourd'hui, cet homme bien habillé qui la prend en photo, la regarde, lui sourit. Dans l'objectif de son appareil, il ressent de la tristesse pour cette enfant, son coeur saigne, il a compris l'injustice, il sait, il est passé par là ! Il a envie de la prendre dans ses bras, lui dire que la vie ce n'est pas cela. Allez ma mignonne, ris, danse, oublie tout pour un moment ! Juste un petit moment !


LA MAISON DOUCE
La maison somnole dans la tiédeur du petit matin d'été. Le jour n'est pas encore levé et pourtant des effluves de roses parfumées montent du jardin. Les fleurs à peine écloses attendent le rayon de soleil, distillant déjà leurs arômes légers. Le lilas n'en peut plus de porter toutes ces grappes, il plie, se tord, si fier de sa parure chatoyante.
Les pâquerettes timides sortent à peine de terre, s'amusent entre elles, se poussent, se bousculent pour avoir la meilleure place au soleil, leurs pétales transparents dans le jour à peine à naître éclatent de blancheur, la journée sera belle.

Les enfants dorment encore dans leur lit douillet. Le petit Paul, presque encore un bébé, bercé par ses rêves, respire doucement les lèvres entrouvertes. Son souffle est chaud, odorant comme un bonbon. Sa peau délicate luit dans le clair-obscur de la chambre. Un sourire éclaire son visage.

Surtout ne pas faire de bruit, ne pas troubler son sommeil. Et toi, ma fripouille, mon coeur, il n'est pas encore venu le temps du réveil et, dans la chaleur de tes draps, tu transpires un peu, tes courts cheveux blonds sont humides, tu as chaud, tu es bien et c'est bon. Une odeur de vanille t'enveloppe, parfumant ta chambre. Je sais que tout à l'heure, dans peu de temps, ce sera l'aube avec ses couleurs, ses bruits, le tintamarre des oiseaux, trop forts, trop stridents, c'est la vie qui commence si tôt déjà, si belle.

Et puis, l'odeur âcre du café parfumera la cuisine, s'insinuera dans les placards, sous les portes. Je prendrai la première tasse dans la maison endormie, je savourerai cet instant seule, si bien, je me brûlerai sûrement la
langue et je recommencerai.

Et puis un rire d'enfant, puis un autre, des piétinements de petits pieds courant dans le couloir vers le chocolat chaud qui déroule ses délicates odeurs. Leurs papilles déjà en émoi, mes petits entreront dans la cuisine riant, criant,se bousculant, heureux, les joues rouges. C'est la vie qui entre comme une cascade de bonheur. Mes
chéris, mes amours, je garderai toujours en moi ces petits moments rares. Surtout, ne grandissez pas trop vite.

Danièle Bellanger

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