Qui est cette femme tenant sa main bien serrée ?
Où l'emmène-t-on ?
Et ce monsieur à lunettes, derrière son grand bureau, qui regarde sa mère...
Cette mère qu'elle connait à peine, sa mère qui pleure un mouchoir dans la main...
Tout est si sombre autour d'elle, il fait si froid malgré ce châle enveloppant et douillet mis par sa nourrice ce matin.
L'atmosphère est pesante dans cette pièce sinistre, la tristesse de la mère, le désarroi de la petite sont palpables.
Irène se tient droite devant le directeur.
Son regard douloureux brouillé de larmes ne peut se détacher de l'enfançon.
Aux enfants assistés - l'abandon. Edouard Gelhay, 1886 Musée d'art et d'archéologie, Senlis |
Cette enfant, sa chair, son sang.
Elle hait les diktats hypocrites de cette société bourgeoise dans laquelle elle vit.
Cette belle famille hostile, "mésalliance" ont-ils dit haut et fort.
Malheureuse Irène, rebelle, insoumise, infidèle, cherchant la chaleur, la considération, le bonheur ailleurs.
Fautive Irène ? Pas eu vraiment le choix.
Adèle, sa fille élevée par une nourrice, caché l'enfant adultérin dans une aile du château familial.
Personne ne devait savoir - honte sur cette lignée de notables.
Le conseil de famille a tranché.
Verdict impitoyable : Irène ne sera pas répudiée, à condition qu'elle signe un pacte d'honneur : elle doit se séparer de sa fille pour toujours, abandonner l'enfant, la confier à l'orphelinat.
Le directeur vient de lui lire l'acte d'abandon, la regarde intensément,
lui tend un porte-plume...
NON NON Irène NON : ne signe pas !..
Mathurine
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