jeudi 26 octobre 2017

Mon dernier jour près de toi

Tu es ma compagne de tant d’années. Tu m’as vue grandir, vieillir …

A notre première rencontre, je n’avais que quatorze ans ; quand toi, le bois de ton plateau comptait déjà bien des années. Je me suis usée devant toi, je t’ai polie, marquée de brûlures aussi. J’ai appuyé contre toi mes reins douloureux, me suis heurtée à toi. Mon ventre épanoui par les grossesses a maudit la dureté de ton rebord. Et j’ai appuyé bien souvent mes bras raidis et douloureux sur l’ébène de tes veines.

Oui, nous en aurons passé des heures dans ce face à face rythmé par le son du fer que je repose sur toi. Clac, tac ! Comme un cœur régulier, comme mon cœur parfois malmené. Je t’ai parlé, détestée aussi et nos destins se sont unis.

Des heures, des années de labeur. Dans la lumière douce des hautes fenêtres de la lingerie, baignant dans la chaleur immuable du poêle. Cernées toutes deux de paniers en osier débordants. Nos pieds ensemble ancrés dans le parquet.

Des heures, une vie, quarante ans et cette dernière journée. Je ne quitte pas ce soir une simple table à repasser. J’ai le sentiment de laisser une amie, un peu vacharde, mais de toute une vie.


Inès-Marie

lundi 16 octobre 2017

Noël 1908

6 h 30 du matin, Institution  des sœurs de Saint-Vincent pour jeunes filles mères 
Comme une envolée d'oiseaux, drapées dans leurs longues chemises de nuit, elles courent, elles volent dans le dortoir.

Il faut aller chercher les bébés dans la pouponnière, toilette dans la salle commune
Chacune a extirpé de sa  table de nuit en noyer le pot de chambre en  faïence pour le vider
Cette odeur d'ammoniaque matinale leur soulève un peu le cœur
Le parquet en bois ciré est glissant, la maladroite faisant déborder le contenu est source de plaisanteries, de railleries, tout est prétexte à rigolade, leur vie ici est tellement austère, disciplinée et stricte -

Ces demoiselles ayant fauté doivent respecter et remercier cet établissement les recueillant avec autant de générosité
La société bien pensante les aide au mieux, il faut se montrer reconnaissante, bien se tenir, c'est le moindre des tributs à payer
Aucune n'est majeure, certaines sont des petites servantes campagnardes engrossées par leur bourgeois de patron, d'autres viennent de familles nobles, placées ici pour éviter le scandale, la morale sera sauve et les bébés seront adoptés, c'est ainsi, on ne leur demandera pas leur avis
D'autres, issues de familles très pauvres et nombreuses, ne pourront assumer cette bouche supplémentaire à nourrir

Il est maintenant 7 heures ce matin de noël 
Cette volière de gamines rie et chante, tenant leur bébé dans les bras, poupons de chair et de sang, se dirige vers les tables à langer et dépose les petits sur des langes molletonnés
Il n'y a pas si longtemps elles jouaient encore avec leur baigneurs en celluloïd
Les tables sont d’un bois rustique et rugueux mais la couche est douce, cette pièce sent bon le linge propre, la poudre de talc et l'eau de Cologne
C'est un moment de calme
Presque de grâce
Toutes ces jeunes mères au visage enfantin sourient, ça chantonne, gazouille, pépie
L'enfançon sera beau tout à l'heure, les sœurs ont prévu de beaux habits blancs pour ces chérubins 
Ces petits anges descendus du ciel dans la douce lumière d'un matin de noël.

Anges blonds ravis
Pour jeunes filles en fleurs
Le temps suspendu !
Mathurine

Rendez-vous

Agathe, la cinquantaine, décide de mettre sa belle robe de velours rouge pour rejoindre sa fille Hélène.  Agathe tient à être élégante pour les retrouvailles. Hélène, ne conduisant plus, a donné rendez-vous dans un célèbre salon de thé de cette magnifique ville historique de Chantilly.

Pour Agathe, déjà installée confortablement dans un fauteuil près de la baie vitrée, cette attente semble infernale. Longues minutes interminables. Stress, chaleur et angoisse se mélangent. De plus, la cloche de la porte sonne à chaque entrée. Ouf la voilà.

Enfin.

Mère et filles s’étreignent et s’embrassent affectueusement. Des mois qu’elles ne se sont pas vues.

Elles se redécouvrent mutuellement et Hélène pose délicatement un petit paquet sur la table. Que d’émotions et de tremblements lors du déballage. Une petite paire de chaussettes blanches taille naissance, ainsi qu’une tétine de biberon, sortent du paquet.


Une date : décembre 2017. Une nouvelle vie.
Christine

dimanche 15 octobre 2017

Prochaines dates

Dates des ateliers automne/hiver

- pour l'atelier "découverte" : 2 décembre, 23 décembre, 27 janvier, 10 février, 10 mars, de 14h30 à 17h ;

- pour l'atelier "approfondissement" : 2 décembre, 23 décembre, 10 février, 10 mars, de 10h à 12h25. L'atelier d'approfondissement du 10 février se prolongera l'après-midi, ainsi que le mercredi 14 février après-midi. Celui du 10 mars se prolongera début avril, dans le cadre du festival "Senlis Fait Son Théâtre"... informations à venir début 2018.

Attention : pour ces 2 ateliers, inscription obligatoire auprès de la bibliothèque.